J'ai subi ce documentaire de Nina Menkès – qu’Arte béat encense – comme un assommant cours de rattrapage, pardon, de matraquage. Au bout de trois quarts d'heure de supplice entrecoupé de sourires navrés, j'ai séché. Trop, c'est trop.

Sûre d'elle-même en sa pseudo démonstration magistrale, la conférencière est d'emblée décourageante autant qu’irritante, car beaucoup de portes enfoncées (prétendument béantes sur le machisme primaire) étaient en fait déjà ouvertes depuis belle lurette. D'où cette impression de dogmatisme verbeux sans cible réelle. Du coup, 90% des séquences confettis censées illustrer le propos font pschitt ! En fait, sur l'écran réel, j'allais dire imprudemment dans la vraie vie, tout est tellement plus simple, plus basique, plus banal voire normal ! Ainsi, depuis la nuit des temps, la Femme dévoilée éveille le regard désirant de l'Homme. (L'inverse est vrai aussi et parfois magnifiquement filmé, comme dans "Lady Chatterley", sans qu'on crie à l'outrage !) Depuis la nuit des temps, le mâle est plutôt du côté de l'obscénité, la Femme du côté de l’ambiguïté. Depuis la nuit des temps, tous les arts (dont le 7e) sont le vecteur de cette polarité, de cette aimantation, faite de fascination et d'effroi aussi basiques que naturels. Tant qu'il n'y a pas de violence imposée et de volupté extorquée, où est le problème ? Où se cache le prédateur couillu ? Où gît le Mal(e) ? Pourquoi et en quoi le fait que la caméra s'attardant sur la beauté féminine en un long travelling deviendrait ipso facto lascif indûment et subrepticement sexiste ? Bla bla bla et vaine guérilla ! Et foin de pseudo "grammaire cinématographique", ce n'est là qu'idéologie féministe dévoyée qui se trompe et d'analyse et de lutte !

J'ajoute que moi qui ne suis pas attiré par le corps féminin en tant qu'appât érotique mais qui sais l'admirer sur la toile blanche ou peinte sans le convoiter, singulièrement dans ce délicieux traquenard qu'est la salle obscure, moi qui suis aussi un cinéphile forcené et un tout petit peu éclairé, eh bien je trouve qu'un film comme " The Celluloid closet", sur une thématique voisine, est autrement construit sans être morcelé, autrement probant sans être démonstratif, autrement militant sans être hétérophobe ! C'est tout l'art de la nuance et de la mesure, à mille lieues de ce pseudo cours du soir aussi bêtement vachard qu'inutilement revanchard. Désolé, pour moi, quarante cinq minutes de perdues et le pire du docu "genré" label Arte ! Mais bien évidemment, ce n'est qu'un ressenti, qu'une analyse, voire une hyper allergie subjectifs ! Et aussi, j'en conviens, un coup de gueule qui fait sacrément du bien... même si le censeur rabat-joie – car lèse-féminité – risque d'apparaitre aux Furies de la Toile odieusement masculiniste !

Par conscience professionnelle, j'ai repris la lecture du documentaire jusqu'au bout. J'ai dû m'y reprendre en trois fois tant douloureux était le visionnage et éruptive mon ire ! J'invite chaque spectatrice et chaque spectateur à faire de même (Chic ! L'audience d'ARTE va monter). Pour moi, ce fut pire. Éprouvant et pire. Notre conférencière continue de défendre sa thèse bec et ongles, à grands renfort de graphiques et de séquences-choc. Thèse simpliste : sur tous les écrans, l'homme SUJET est un violeur en puissance tandis que la femme n'est qu'OBJET soumis et décérébré. CQFD. Et pas une seule fois en 102 minutes la parole n'est donnée à un technicien du cinéma ! C'est un comble pour une pseudo réalisatrice qui revendique haut et fort la parité ! Donc je persiste et signe : à mon avis, tout ici est biaisé, manipulé, objectivé, scruté obsessionnellement dans le petit bout de la lorgnette et passé à la moulinette d'une mauvaise foi grandiloquente et acerbe. Heureusement que le ridicule ne tue pas ! Et que l'authentique Féminisme mène ailleurs de vrais combats.

Encore ceci. Et c’est un scoop ! Involontaire mais poilant. Hier soir, en visionnant sur Arte en podcast le sublime DRIVE MY CAR, je tombe sur cette séquence que Mme Menkës s'est bien gardée de sélectionner à l'appui de sa thèse sur le sexisme systémique du 7e art. C'est quand l'héroïne (qui trompe allègrement son mari), réputée OBJET, chevauche son homme, donc le SUJET, pour lui extorquer son plaisir, tout en le saoulant de son babil féminoïde (cliché sexiste) alors que le prétendu Guerrier réputé violent et violeur reste passif, ne bronche pas et se tient coi ! Marrant, non, comme cette séquence-choc a échappé à la vindicte de notre féministe radicale !

Comme quoi, en sélectionnant telle ou telle séquence, en extrapolant celle-ci, en évitant celle-là, bref, en étant aveuglée par sa propre idéologie vindicative, on peut faire dire tout au cinéma, TOUT et son contraire. C'est ce qu'on appelle "l'art du montage"... ou l'arme de l'intox.


PS - Empoignade furieuse sur Facebook dans la communauté ARTE à propos de ma tribune en ligne !

Patricia G. ''Et bla et bla bla bla !!! Quel verbiage, que de rancœur mal camouflée ! Quelle lourdeur !''

Marie A.

« Depuis la nuit des temps ». Je ne vois pas comment vous je savez. J’en ai un peu assez de cet argument qui n’a aucun fondement.

Martine P. ''Votre discours est verbeux également, incompréhensible. Vs vs croyez académicien ? Faites plus court...on vous lira peut-être.''

Maud L. le B.

pffffff parce que votre avis à vous, michel homme blanc de plus de 50 ans, n'est pas biaisé sans doute mdr !

Anne C. Merci pour cette brillante analyse sur le fond et la forme.

Doll F. Monsieur ça fait des millénaires que vous avez la parole (référence à "même pas un technicien..") donc au bout d'un moment, chut quoi. Si la parole d'une femme pendant 1h40 vous embête, vous n'avez qu'à éteindre.

Rose-Marie M. Ce documentaire est passionnant ; l'analyse de la manière dont sont filmées les femmes est riche, intéressante, argumentée. Je ne suis pas d'accord avec ce trop long commentaire négatif "odieusement masculiniste", l'auteur en convient lui-même, à la bonne heure !

ETC. ETC. ETC. https://www.facebook.com/groups/680322072524260/?locale=ka_GE