Tel est le titre sibyllin de mon dernier livre paru début avril. Le sous-titre est plus explicité : « 13 Nouvelles érotiques gays ». Pour la petite histoire, cette parution ne s’est pas déroulée sans encombre puisque, au vu de la couverture (pourtant approuvée par l’Éditeur), Facebook m’a aussitôt interdit de groupe pendant 48 heures. Sanction aggravée hier (une semaine, jusqu’au lundi 15 avril ! ). Passons. Jusqu’où ira le puritanisme ? Jusqu’où s’acharnera la bêtise ? Quand le ridicule tuera-t-il enfin ! Pour en juger toi-même, il te suffira, cher.e internaute, d’aller sur le site des Éditions du net et de constater l’ingénue innocuité de l’icône de Noël ! (Lien en bas de ce post).

« Nic et Nunc » Variante érotique de Hic et Nunc. Ici et maintenant. Tout de suite. Tout, tout de suite. C’est assez clair, n’est-ce pas ? Donc, à partir de son concept favori – « Le sexe ? Une urgence sans raison ! » –, l’écrivain récidiviste va s’en donner à corps joie et, se mettant gaillardement en scène, ira droit au but : divertir et faire jouir son lecteur (pourquoi pas sa lectrice ?!). Mais sans vulgarité ni outrance, uniquement par la cocasserie des situations, la puissance de l’imagination, l’anachronisme et le pastiche, le rythme de la phrase, la musique des mots, la magie de la langue française, bref, le Style. Avant la verge, au commencement était le Verbe. In principio erat verbum… Et la parole est devenue chair ! Tel est le défi de l’écrivain érotomane : faire rimer, entre autres défis, sextoy avec Tolstoï en réécrivant “ Guerre et Pet ” (Cf. infra la finale tonitruante de Charme et splendeur des plantes d’intérieur). Oui, au commencement est la Littérature. Littérature ? Plutôt : “Lis tes ratures.” Pour ciseler la prose la plus délicate, la plus précise, la plus harmonieuse, rédige, corrige, réécris, corrige, laisse infuser, écris à nouveau, corrige derechef… et bande ! Pour jouir enfin non-stop des mots puisque « le style arrache une idée au ciel où elle se mourait d’ennui pour l’enduire du suc absolu de l’instant. » (Bernard Franck). L’instant de l’instinct. Ou l’inverse. En tout cas, place au réel et au charnel : Hic et Nunc. Ou bien Nic et Nunc. La boucle est bouclée !

Telle est la profession de foi de l’auteur : sa totale confiance dans les mots. Mais outre les infinies possibilités et beautés de la langue française, l’autre face de son credo tient aussi en ceci qui n’est pas secondaire : l'âme n'existe pas, seul le corps. Le corps sexué. L'âme, c'est la bite ; la bite, c'est l'âme. Élan vital ! Dès lors, ceux qui font profession de haïr le corps pour mieux cultiver l'âme (spécialement dans le catholicisme que notre ex-curé connaît bien pour y avoir un temps moisi), ceux-ci dépérissent. À l'inverse, ceux qui accueillent librement leur (homo)sexualité, ceux-là récoltent un supplément de vitalité heureuse. Tous leurs sens en sont stimulés : l'ouïe (Sarabande en b-Dur BMW 69), la vue (Zoltan Pollock) et jusqu'à la moindre papille (Pause-chantier)… Les barrières, raciales et autres, ne peuvent que s'effriter (Black Angel et Charme et splendeur…) tandis que l'estime de soi, enfin restaurée, permet d'accéder à l’âge adulte (Ivresse alpine). Tout est donc bien qui finit bien : que triomphe la Vie (Record paralympique) ! Ainsi est réécrit et concélébré le 1er chapitre du livre de la Genèse (Au jardin d’Éden) : une création nouvelle où tout est bel et bon ! Et innocent. Que la fête commence !

Ceci est mon Corps, prenez et… Davantage même ! Vaste programme. Finalement, ce recueil (amplifié et retravaillé) de nouvelles homoérotiques n'a d'autre ambition que de troubler et de divertir, en illustrant plaisamment l'adage de Chamfort (1795) : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà, je crois, toute la morale » (in “Maximes et anecdotes”). Sans oublier que jouir sans se réjouir, ce n'est pas encore jouir… Relisant hier une page de mon ami Comte-Sponville, à propos de l’homme, animal érotique, j’approuvais sa conclusion lapidaire : primat du sexe, primauté de l’amour. En termes plus crus, telle est la conclusion de mon recueil, à la toute fin du 13e texte intitulé “Record paralympique” : « Vivons, baisons… sans oublier d’aimer ! »

Sans oublier non plus pour finir, ce conseil praticopratique : plutôt que lire d’une traite, au risque de s’empiffrer ou de se lasser, il vaut mieux butiner cette collection piano piano, par-ci par-là voire couci-couça, comme l’orant chaque matin médite une page nouvelle de son lectionnaire, car rien n’est plus cuisant qu’une overdose de cul ou de culture !

Foi d’un auteur qui assume joyeusement son lyrisme redondant voire incontinent, selon l’adage maison qu’il s’est forgé pour narguer les éditeurs grincheux et désavouer par sa formule l’inexact Diable boiteux : « Tout ce qui est excessif fait sens. » Puissent ces treize variations luxuriantes autant que luxurieuses, faire sens en comblant tous tes sens !

''À Périgueux, la patrie des saveurs, le 1er avril 2024.''

Présentation par l’Editeur :

https://www.leseditionsdunet.com/livre/nic-et-nunc