À un ami qui se dépêtre dans sa vie (en tant que prêtre gay, doit-il rester dans les Ordres ou quitter ? Car il court éperdument après le grand Amour), j’écris ceci :

« "Le grand amour", comme tu l’appelles imprudemment, je pense, n'existe pas. Et c'est tant mieux, car source de frustration et d’exaspération... avec l'inévitable séparation. Et comme tu fus sevré d'amour (maternel), le trou en toi... le vide est immense, mais je doute qu'un partenaire, surtout s'il est gay, et même blondinet chétif, puisse le comprendre, disons en prendre la mesure, et surtout le combler ! Il te faudra alors diminuer la voilure... ne pas espérer trop... surtout ne pas trop espérer d'une pseudo communauté arc-en-ciel marquée par un hédonisme et un jeunisme exacerbés. Pas très exaltant ? J'en conviens. »

Et je prolonge in petto et sur mon Blog ma réflexion du jour :

Pour moi, ayant échappé à ce milieu et rejeté l’Église hypocrite autant que castratrice, je trouve de plus en plus mes marques : je ne crois qu'en l’Amitié. J'ai évacué le grand Amour, en totale disgrâce ! L’indispensable sexe, lui, se déploie librement et ingénument, mais dans une sorte d'antre soigneusement cadenassé. Soit l’antre des courriels enflammés soit celui du lit hospitalier. Rite d’union et de communion tactile, secrète et mystérieuse. Là, en totale apesanteur (malgré la pesanteur de nos virils attributs et leur obscène arrogance !), nous osons TOUT : tout faire, tout oser, tout nous dire (soit se traiter de "salope", soit susurrer, comme le fait mon sex friend, "mon papounet d'amour" !. Sauf qu’il n’est jamais question d’Amour entre nous ! Rien ne porte à conséquence, car tout est JEU. Suavité rime avec facticité. Même la sémantique, écrite ou susurrée, est jeu, badinerie, scabreux marivaudage. L’essentiel reste le corps.Point. Le corps sacré. Le corps consacré à la Volupté. Qu’il exulte ! D'où notre devise : jouir, te faire jouir, nous réjouir. Par ailleurs, il est très important pour moi que mon amant ne soit pas gay ! Surtout pas. J'apprécie que son approche érotique soit indifférenciée, selon la distinction que j'ai établie : si le désir est sexué, le plaisir est unisexe. Tout simplement ! Donc, pas besoin d'étiquettes ! Nul besoin de pedigree. Seule la magie des orifices... non labellisés ni normalisés. C’est la chair aimantée qui gère et qui amène à son exaltation naturelle, innocente, sans connotation (sexuelle) homo ou hétéro : seule la magie, la magnifique énergie – solitaire ou duelle– qui engorge et appelle expansion et rassasiement heureux ! Promesse de vitalité et d’éternité. Et répétition du rite. Car, disait Pasolini, « cet acte, il faut mille fois le répéter : parce que ne pas le répéter, signifie éprouver la mort comme une douleur frénétique, qui n’a pas sa pareille dans le monde vivant. » (in Poésies, La réalité. Poésie en forme de rose 1961-1964).

Donc, répétons, répétons, répétons encore… Niquons l'Amour et oublions tout le reste qui n’est que littérature romantique et geignarde moraline.