Les lignes qui suivent sont celles d’un vieux jeune homme de 75 ans qui n’est plus catholique ni même croyant mais qui, vu son passé, ne peut rester indifférent aux soubresauts – plutôt à l’immobilisme – qui caractérisent l’Église, singulièrement en France. En ce qui concerne les scandales liés à une pédophilie endémique, voici 8 pistes de réflexion. Elles sont schématiques et forcément subjectives, en rien paroles d’Évangile !

1/ Dans toute vie humaine, de 9 à 99 ans, le sexe est important, omniprésent, gratifiant, souvent innocent. Mais il peut engendrer des faux-pas voire des crimes quand un individu se préfère et lèse autrui. Il lui revient alors de le reconnaître, de réparer, si possible de s’amender.

2/ Il existe d’autres défaillances humaines qui ne sont pas sexuelles. Sans parler des vols, des malversations financières, des calomnies, etc. certains mots peuvent tuer, certains silences, certaines attitudes froides, indifférentes, déshumanisantes… À chacun de s’examiner, de voir au rétroviseur la poutre dans ses propres prunelles avant de crier haro sur le baudet.

3/ Il existe aussi des « crimes sans victimes » (gestation pour autrui, IVG, euthanasie…) pour lesquels telle ou telle société humaine – et son Droit – se positionne, précise, voire sanctionne, pour un temps donné, pas éternellement, car, pour la conscience comme pour la biologie, la seule loi possible est celle de l’évolution et de l’adaptation au réel hic et nunc.

4/ Quoi qu’en disent les modes changeantes, les revirements de l’opinion, les soubresauts de l’Histoire, les soubassements anthropologiques ou sociétaux forcément divers sur notre petite planète, etc. certaines catégories de faux-pas sexuels sont des « crimes sans victimes », ne nécessitant ni acharnement médiatique, ni vendetta (ecclésiastique), ni tardif battage de coulpe (épiscopal), ni chasse éperdue à de pauvres vieux ploucs émissaires. Car ce qui prime n’est pas l’opinion publique voire ecclésiastique, pas même le délicieux supplice du prurit victimaire, mais bel et bien la voix de la conscience personnelle et l’intime conviction.

5/ Vu de l’extérieur, ce qui reste de la « société catholique » (cette sécularisation demeurant selon moi une bonne nouvelle) ne me semble ni sain ni prometteur. Car, après avoir été hypocritement niée pendant des décennies voire des siècles, la sexualité humaine – et ses défaillances, avec ou sans victimes – est surexploitée pour que l’institution se refasse une virginité ! Mais dans les faits, rien ne change : à un Dieu mâle, des officiants mâles. Et le sexe demeure l’obsession majeure et le suprême interdit.

6/ Quant à Jésus – Christ ou non – que j’ai délaissé, non sans nostalgie, je plains ses disciples d’hier et de toujours car ils resteront pris entre deux feux, le plus souvent otages, coincés entre deux paroles contraires (si tant est que l’exégèse ne soit pas manipulatrice voire réductrice !) : soit attacher une meule de pierre au cou de ceux qui ont scandalisé ces petits (?)… soit pardonner, non pas une seule fois, mais soixante dix fois sept fois !

7/ Or, à mes yeux d’ex-prêtre désintoxiqué, l’Église ne sait toujours pas pardonner à la manière de son « fondateur ». Elle ne sait pas non plus se réformer de l’intérieur car ses instances dirigeantes sont incapables de briser puis de reconstruire à neuf le vieux socle anthropologique devenu vermoulu, névrogène, mortifère. On se rappelle ce qu’Il disait de l’eau vive versée dans de vieilles outres…

8/ Pour finir, afin de faire de son passé son bon pain quotidien, chacun se voit renvoyé à sa conscience, à sa lucidité, à son humilité, à sa propre réconciliation avec soi-même… Et aussi à cette lucidité fondamentale : tout bipède est un être prématuré, malhabile à vivre et dévoré de rêves. Car nous ne savons toujours pas (nous) aimer. Telle est hélas la tare naturelle de l’humanité et l’individuelle monstruosité.