La scène de passe dans un théâtre parisien à l'ancienne capitonné de velours cramoisi. Elle est là, à mes côtés, aussi irrésistible qu'invraisemblable, enveloppée d'un vison blanc démesuré, câline, enjôleuse, tentation platine qui m'étourdit. Je suis subjugué. Nous changeons plusieurs fois de place, elle l'exige, avant de nous laisser tomber dans deux sièges profonds. Enfin, nous pouvons nous laisser aller à la volupté. S'approche alors sa grande bouche vorace et, comble du romantisme, je sens soudainement qu' on (elle ?) me fourre un index dans... le trou de balle ! Plus navré qu'effaré, j'ai un recul nerveux et je laisse doctement tomber cette phrase désormais historique : " Marylin, ce ne sera pas possible... Je suis intégralement homosexuel." Aussitôt, sans transition, se superposant à la fuite outragée de la dame, cette scène gourmande : me voici en train de peaufiner amoureusement une énorme omelette norvégienne. Le maître-queux s'applique, peaufine, s'enthousiasme, tartine et retartine le chef-d'œuvre glacé d'abondante meringue, puis l'enfourne lorsque...

Je me réveille effaré !

Cinq heures du matin. Incroyable ! J'ai dormi sans interruption jusqu'à 5 heures ! La veille, chez mon ami fidèle, j'avais décidé d'être sobre et de ne plus prendre de somnifère pendant quatre nuits d'affilée, le temps de me refaire une santé avant ce déménagement qui me stresse délicieusement (enfin fuir Paris !). Bien m'en a pris : une nuit de rêve, sept heures de sommeil intégral, sans réveil inopiné, pas même une pause pipi ! Cela ne m'était pas arrivé depuis... Et il a fallu qu'un rêve, soigneusement noté ici, aussitôt, mot pour mot, sectionne le charme réparateur. Doux répit nocturne...

Jusqu'à ce qu'une bombe glacée aussi mythique que fantomatique interrompe mon havre, froufroutante d'hermine, de blondeur, de douceur...et de crème meringuée !

Il est six heures et Pau s'éveille.