'' Minisérie de mes pensées nocturnes''

Pour l’hédoniste accompli, enamouré ou non, parfois éloigné ou empêché, la “manœuvre honteuse” n’est pas cette besogne solipsiste que la morale réprouve, mais une élaboration altruiste, dès lors que l’imaginaire remplace la chosification de “mon ” plaisir mécanique par la sublimation de “son ” désir idyllique. Bien davantage qu’un bien-être compensatoire ou une hygiène de bon aloi, loin du réel souvent décevant et des aléas de la conjugalité, l’autoérotisme devient l’acmé de l’imaginaire, virtuelle incarnation, miraculeuse transsubstantiation : devant mes yeux rêveurs, sur l’écran ou in petto, l’icône porno ou l’hologramme du cher Absent inaccessible se mue en omniprésence à mesure que le fantasme prend consistance. Ainsi, dès potron minet ou au cœur de la nuit complice, la valeur la plus sûre, la plus naturelle, la plus économique autant qu’écologique de tous nos gestes d’amour demeure assurément ce plaisir isolé qui est tout sauf solitaire mais par essence communionnel et solidaire. Tel est mon éloge de la très sainte masturbation.