Minisérie de mes pensées nocturnes

Ouf ! La retraite vient de tomber. J’ai beau jouer le bel indifférent, le 9 de chaque mois, ce n’est pas rien. Et c’est uniquement lorsque je suis rassuré sur le niveau de mon compte en banque que je peux philosopher sur la frugalité heureuse. Quel faux-cul ! Il n’empêche, je ne me désavoue pas : bien que j’en possède peu, je méprise à tel point le fric qu’il me faut m’en débarrasser au plus vite, soit en le gaspillant soit en l’offrant. Jusqu’à l’extrémisme du don car, au bénéficiaire ému, je refile en même temps et mon pognon et mon mépris. Pas vu pas pris. Mais cette générosité perverse, comme minée, est en réalité une formidable plus-value : j’enrichis le trésor de l’Homme intérieur tout en dilapidant la merde du Tentateur. C’est formidiable, non ? Bien sûr, tant que je ne suis pas à découvert ! Car la sagesse résiste rarement à la dèche et mépriser l’argent demeure un snobisme de privilégié.