BOUFFÉE DE PRINTEMPS
Par Michel Bellin le mardi 24 mars 2009, 07:47 - Lien permanent
Après le discours apocalyptique du satanique Dr Tissot (cf. blog d'hier) pourfendeur de la branlette, après les contre-vérités sur la capote du sénescent et déliquescent Benedetto, seizième du nom, un brin de poésie s'impose. De l'air, de l'air, tellement ça pue ! Va-t-en, toubib faussaire, fous le camp, Pontife criminel, de l'air, de l'air, place à la jeunesse insolente : au printemps, tout renait, tout vit, même les chevaux de fiacre“ ont vint ans” ! Et tant pis pour la sempiternelle mélancolie du Poète rabat-joie !
Bouffée de printemps
Tout poudroie au soleil, l'air sent bon le printemps.
Les femmes vont au Bois sous leurs ombrelles claires.
Chiens, bourgeois et voyous, chacun a ses affaires.
Tout marche. Les chevaux de fiacre « ont vingt ans ».
Dans les jardins publics Guignol parle aux enfants
Aux tremblants crescendos des concerts militaires
Que viennent écouter de jaunes poitrinaires
Frissonnant aux éclats des cuivres triomphants.
Aux magasins flambants les commis font l'article,
Derrière les comptoirs des hommes á l'air fin
Pour vérifier un compte ont chaussé leur bésicle,
Chacun trime, rit, flâne ou pleure, vit enfin!
Seul, j'erre à travers tout, la lèvre appesantie
Comme d'une nausée immense de la vie.
Jules Laforgue
Poésies Complètes (Le Livre de Poche) 1970