(...) Tu sais qu’en janvier prochain, je dois réfléchir dans mon petit groupe à ce sujet (que je n’ai pas choisi) : devenir soi. Eh bien, réflexion faite, la recherche de son moi… l’aventure spirituelle… la méditation en pleine conscience… ça me rase ! Aucune appétence. Du coup, Sylvain, je me suis demandé pourquoi. Eh bien, c’est un scoop. Je crois que j’ai réussi à définir qui je suis, qui j’essaie de devenir : un matérialiste hédoniste. Malgré mon parcours religieux, c’est devenu vraiment ma conviction et la sexualité épanouie m’a aidé à me définir ainsi. Seul le corps… seul le cerveau. L’âme n’existe pas, ni liée au corps ni émancipée pour l’éternité. Pas plus qu’une Divinité censée nous rassurer puisque nous guettent souffrance et trépas. Et ce corps tout entier est innervé et téléguidé par un génial cerveau. Dans ce cerveau, une infinité de programmes, de fichiers, de logiciels… Certains programmes ne sont pas installés identiquement chez tous les êtres humains (variété des cultures, des gènes…) Certains programmes peuvent être démesurés voire invasifs (sexualité, religiosité, altruisme…). Mais à force de lucidité et de persévérance, il est possible de désactiver certains logiciels jugés intrusifs ou pernicieux. Par exemple, je pense qu’au bout de toutes ces années, j’ai désactivé le logiciel « spiritualité » et allégé mon disque dur de la fonction « Dieu/Etre supérieur ». Par contre, mes dossiers « émotions », « plaisir esthétique », « (homo)érotisme » etc. sont non seulement exponentiels et bienvenus mais aussi régulièrement mis à jour. Avec un anti-spam efficace : un filtre efficace contre les idéologies à la mode, les pressions moralisatrices, la tentation spirituelle, les injonctions écologiques ou autres… Du coup, deux objectifs : élection et éviction. Elire le mode de vie qui me convient, les belles personnes qui me font du bien et à qui j’aime faire du bien… Fuir les choses grossières et vulgaires, les êtres toxiques… dit sommairement : fuir les cons. C’est assez simple, non ? Disons basique. Sans doute caricatural. Me reconnais-tu dans cette description… ce choix de vie ? Grosso modo : croire au seul corps (innervé par le cerveau), le respecter, le nourrir, en tirer toutes sortes de plaisirs… comme lorsque j’improvise non-stop sur mon clavier. Bref, hédonisme et matérialisme. L’art de jouir et de nous réjouir. Avec une seule morale que je cultive depuis pas mal de temps :
« Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne : voilà je crois toute la morale » Et notre variante à nous : « Jouir, te faire jouir, nous réjouir. » Pas belle, la vie !
Pour terminer en beauté, cette longue citation de Michel Onfray (ce philosophe, malgré sa dérive droitière, revient en grâces chez moi… je te parle du jeune Onfray, celui des années 90!). Tu verras qu’il n’aime guère les anges. Moi, tu le sais, je suis un archange à part, bel et bien sexué, et qui préfère les voluptés terrestres, entre autres dans tes bras et entre tes cuisses, plutôt que la contemplation éthérée d’un ciel fantasmagorique !
(…) « Dans la volonté d’une promotion des sens, Nietzsche posait, après Feuerbach, les linéaments d’une authentique philosophie du corps : une chair en paix avec elle-même et avec le monde, le seul monde qui soit. Une chair capable d’érotisme et de gastronomie, d’esthétique et de musique, de sensations tactiles et olfactives. Une chair en harmonie avec le réel, qui n’aille pas contre lui, mais dans son sens, qui obéisse aux injonctions de Dionysos plutôt qu’aux interdits d’Apollon. Avec le plaisir comme fil conducteur de l’éthique, “ l’homme n’est plus artiste, il est lui-même œuvre d’art ”. Un corps artiste, esthétique est donc nécessaire : contre les anges et leurs tentations blanches, leurs modèles translucides, la chair doit devenir la vertu. »
AMEN
Amène(toi) et parlons-en prochainement tout en NOUS dégustant, à table ou au lit. Qu’en dis-tu, chéri ?