jeudi 14 août 2025

L'INSAISISSABLE RENÉ-SAMIR H. NILBEL

À l’occasion d’une visite-éclair dans le Périgord et à l’issue d’une séance de dédicace dans la principale librairie de Périgueux, le jeune auteur René-Samir H. Nilbel s’est enfin confié sur ses projets littéraires après la sortie de son 3e ouvrage « Le duo des ténèbres »

 

 

L'INSAISISSABLE RENÉ-SAMIR H. NILBEL

 

 

Bonjour, Helcim. Bienvenue en Périgord. Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre passage sur les terres de Montaigne, bien loin de votre Kabylie natale.

  • Bonjour. Oh ! l’Algérie, c’est loin… Eh bien, figurez-vous que j’ai depuis pas mal de temps un grand ami qui vit dans les parages et, à l’occasion de sa dernière dédicace à l’espace Marbot, le 16 juillet dernier, il m’a fait une petite place derrière la table de son stand.
  • Une dédicace partagée, c’est sympa. Un peu à l’image de votre coopération ?
  • Coopération ? Si vous voulez. Disons à deux nuances près : cette dédicace fut une joyeuse catastrophe, autant pour l’un que pour l’autre. L’auteur d’un Ange pour l’été a dû faire une seule vente et les très rares clients, surtout des touristes distraits, nous ont ignorés complètement derrière notre table pourtant magnifiquement fleurie et apprêtée. Je ne savais pas où me mettre tant j’étais mortifié pour lui !
  • La seconde précision que vous souhaitez apporter au sujet de votre proximité ?
  • En fait, Monsieur Bellin et moi-même sommes amis depuis une quinzaine d’année. Mais nous ne collaborons pas vraiment (sauf pour les appréciables coups de pouce pour la relecture de nos manuscrits respectifs et ce n’est jamais à sens unique.) En fait, même s’il y a des passerelles entre nos deux œuvres, parfois troublantes, chacun a sa propre trajectoire, son inspiration, sa manière de concevoir la littérature.
  • Pour vous, Helcim, c’est une vocation tardive, j’ai lu ça quelque part.
  • Oui, aussi éruptive que tardive ! La vie parfois, les aléas de la vie, voire ses contrariétés peuvent paradoxalement donner un nouvel élan, permettre d’amorcer un virage inattendu. Permettre aussi, suite à une épreuve personnelle, de faire une rencontre décisive.
  • Ce fut le cas avec votre rencontre avec Michel Bellin. Mais je ne veux pas me montrer indiscrète…
  • Non, ce n’est pas indiscret. Très certainement, ce fut une rencontre décisive, quasiment providentielle. À l’occasion de mon premier livre, qui connut de nombreux avatars et qui est tout à fait autre chose qu’un « premier roman », mon ami et aîné m’a beaucoup aidé. Il m’a même inspiré ! Une aventure décisive et brûlante, qui a duré plusieurs années, tout ce temps qui s’est déroulé et qui fut scandé par les innombrables refus des éditeurs…
  • Vous en avez souffert l’un et l’autre ? Je veux dire de cet ostracisme littéraire ?
  • Oui, je pense. Même si mon aîné est un dur à cuir qui depuis des lustres sait à quoi s’en tenir sur sa vocation d’ “auteur loser”, comme il dit souvent. Et dont il joue et surjoue plaisamment ! À ce sujet, j’approuve sa formule maison, qui me fait rire et souvent me réconforte au moment de mes déceptions et de mes abattements.
  • Quelle est cette formule magique ?
  • L’écrivain est un va-nu-pieds qui se prend pour Ombilic 1er.
  • Et vous, Helcim, vous vous prenez aussi pour…
  • Non ! Pour rien. Je n’ambitionne rien ! Je ne suis qu’un jeune écrivaillon qui tâtonne et n’a, derrière lui, aucune tradition pour l’épauler et le légitimer. Aucun clan non plus, nulle coterie et surtout pas La Grande Librairie !
  • Ce serait bien, non ? Je plaisante. À propos de cette tradition, vous pensez à la Kabylie, ou plutôt à la littérature arabe en général ?
  • La Kabylie, je n’en parle plus. Jamais. C’est ma période galère, même si la France n’a jamais été l’Eden entrevu. Car les centres de rétention, à l’époque de Sarko 1er, c’était tout de même quelque chose ! Mais c’est dans ces moments-là qu’on peut compter sur les amis, amies aussi, au féminin. Les vrais. Les rares. Dans cette solitude infligée, si l’on parvient néanmoins à s’isoler, on peut s’abreuver à la littérature, à la poésie. Se ressourcer. C’est d’une telle douceur, d’un tel réconfort ! Personnellement, j’ai découvert et approfondi durant cette sombre période certains auteurs de chez nous, entre autres Majnon Layla et surtout les somptueux Quatrains d’Omar Khayyam et ses hymnes non stop au fruit de la treille ! J’avais alors une telle soif de liberté, surtout de respect, d’estime de moi… Pouvoir échapper coûte que coûte à mon destin et me reconstruire par l’écriture. Par l’amitié aussi. Me forger une nouvelle identité.
  • Vous ne semblez pas vouloir vous attarder sur cette période. Ni sur votre vie actuelle, votre personnalité. Je me trompe ?
  • Non. Seuls les mots m’intéressent. Et davantage les mots écrits que ceux, forcément maladroits, confiés à un micro. Peu importe l’auteur, qu’il soit célèbre ou comme moi inconnu, parce qu’autoédité, qu’il soit un grand homme ou une canaille… Seule la Littérature, cet instant où le mot, tel un miracle, sort de sa gaine et miraculeusement éclot. Cette phrase de Bernard Franck me touche chaque jour et me montre la voie : « Le style arrache une idée au ciel où elle se mourait d’ennui pour l’enduire du suc absolu de l’instant. »
  • Le style est donc important pour vous ?
  • Essentiel. Rien de bâclé ni de relâché. Le style, c’est l’Homme. Par exemple, j’aime en jouer, jouer et jouir de plusieurs styles, comme, dans la musique occidentale que j’apprends à connaître, il y a plusieurs tonalités, et des variations de couleurs émotionnelles avec le majeur ou le mineur. C’est pourquoi, dans mon Duo des ténèbres, j’ai tenté deux variations : un style très soutenu voire précieux pour l’un des personnages ; et un ton très relâché voire trivial, parfois obscène, pour le second personnage. D’ailleurs, dans mon tout premier livre, davantage témoignage autofictionnel que véritable roman, j’ai joué sur ces variantes du style. À propos du Feu du Royaume, on a écrit que j’avais « martyrisé » (sic) volontairement la langue française pour la sublimer ensuite, d’une manière ultra-classique voire saint-sulpicienne dans mon essai spirituel intitulé La montagne transfigurée. Dans les faits, le style, c’est plus compliqué que ça, plus subtil, plus inattendu. En tant qu’auteur, concerné de très près par "mon" personnage (sans qu’il soit autobiographique à 100%), ce n’est pas moi qui choisis tel ou tel style, ce sont les mots qui d’emblée s’imposent à moi, me bousculent, me malmènent. Du coup, après chaque livre, un peu comme l’immense Flaubert qui d’ailleurs n’a jamais prononcé cette phrase (sorry pour la comparaison !), je suis la Lulu de Pigalle… je suis ce malheureux abbé échoué à Paris ! Donc souvent je souffre. Beaucoup. Mais je ressucite dès que j'émerge des mots !
  • Vous êtes aussi ce René-Samir Helcim Nilbel. Mais je n’ai pas l’impression qu’à la fin de cette interview, votre mystère se soit beaucoup dissipé. Sauf peut-être à propos de votre vocation littéraire.
  • Je ne suis pas mystérieux. Je ne me cache pas ni me dévoilerai jamais davantage. Trop d’exhibitionnisme, par les temps qui courent, trop de Facebook et Cie. Trop de mercantilisme aussi. Seules la décence et le silence. L'ombrageux secret d'un Henri Michaux devrait être une ligne de conduite pour tous les auteurs. Rapetisser, fuir et s'y tenir ! Seuls les mots qu’il suffit de consulter sur du papier ou sur un écran. Il n’y a qu’à relire Maupassant : « Des mots noirs sur une page blanche, c’est l’âme toute nue. »
  • Je comprends. Tel est votre choix. Un dernier mot, pour conclure, si possible littéraire ?
  • Volontiers. C’est le mot d’une auteure ou d’une autrice, je ne sais pas comment on doit dire aujourd’hui, une immense dame de la Littérature dont je suis en train de relire pour la troisième fois l’œuvre majeure. Yourcenar, puisqu’il s’agit d’elle, dans un de ses commentaires sur Hadrien (ou peut-être Zénon ? je ne me souviens pas), a noté cette phrase qui m’a fait sursauter ! Car je me suis dit, c’est cela, c’est tout à fait moi et tel est mon mystère qui, je le concède, peut être dérangeant, frustrant, mais pour moi, reste vivant, vibrant, enivrant et toujours inspirant. Tel est aussi le secret de ma relation privilégiée avec Michel, mon vieil ami et protecteur : « Quand un être inventé nous importe autant que nous-mêmes, il devient tout. »
  • Merci, cher Monsieur Nilbel. Bonne chance et bonne continuation pour votre parcours humain et littéraire.
  • Merci ! Bel été à vous et Incha'Allah !

 

In Les Annales de Vesone, n° 36, juillet-août 2025.

 

 

 

 

LE DUO DES TÉNÈBRES, le dernier ouvrage de M. Nilbel est proposé par deux éditeurs : soit Les éditions du Net (avec possibilité de passer commande en librairie) soit sur le site d’Amazon l’offre éditoriale est plus diversifiée et plus économique (livre numérique, broché, relié).

mardi 12 août 2025

ÉLOGE DU PORNO (2)

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ÉLOGE DU PORNO (1)

En octobre 2010, je fis paraître sur le site du Monde une très longue chronique (en deux parties) intitulée tout bonnement ELOGE DU PORNO. Une petite appréhension : allais-je être censuré ? Nenni, bel ami. Un vendredi soir en rentrant du travail, un quadruple message m'accueillait sur ma boîte aux lettres électronique : "Votre chronique est acceptée". Aujourd’hui, je suis rêveur : en 2025, bien qu’audacieux avec sa chroniqueuse Maïa qui chaque dimanche fait mes délices, Le Monde accepterait-il mon texte dans ses colonnes si sélectives ? Rien n’est moins sûr. D’où l’opportunité de republier mon credo dont plus que jamais je suis partant. En voici une première louche.

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dimanche 20 juillet 2025

BOULEVERSANT DUO DES TÉNÈBRES

Ce DUO-DUEL (qui des deux personnages aime le plus ? Souffre le plus ? Fut le plus abîmé par sa famille ? S'en sortira le moins mal ? Etc.) est absolument pathétique voire bouleversant. Les quelques saillies comiques de la femme n'y changent rien. le rire s'étrangle dans la gorge du lecteur. Et l'on s'étonne qu'un jeune auteur – dont on ne sait quasiment rien – non seulement ose s'attaquer à cette confrontation, de manière presque théâtrale, mais réussisse à créer, uniquement par ses mots parfaitement ciselés un tel maelstrom d'émotions et de passion.

Bref, la Passion à l'état brut qui pourrait illustrer noir sur blanc ce délicieux malheur

qu'est l'Amour fou !

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mercredi 7 mai 2025

BRANLE-BAS DE COMBAT AU VATICAN...

C'était il y a quelques années, en 2021 ou 2022, à l'époque du Covid. Toujours au même endroit : la chapelle Sixtine à Rome. Ce jout-là, non pas de vieux cardinaux cherchant désespérément un nouveau pape comme en ces jours de mai 2025, non, ce jour-là, le pape SEUL. François le Magnifique – également "inclassable", comme chacun a bien compris aujourd'huui, quelques jours après sa mort. 

Bref, ce texte haut en couleurs est extrait de la toute NOUVELLE VERSION de "Flip-Flop" (Amazon, mai 2025). J'ai aimé le relire et le partager car, dans la Tradition catholique, il y a toujours un je ne sais quoi de drôlatique, de suranné, d'inoffensif. Le pape et ses soupapes, c'est tout un poème, non ?

PRESENTATION DU LIVRE ICI

 

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mardi 6 mai 2025

HÉDONISME MATÉRIALISTE

Ma profession de foi du moment. Extraite de mon livre en cours de gestation : " Sylvain entre mes lignes - L'amour intense ". Tome 3 à paraître chez Amazon cet été.

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vendredi 18 avril 2025

LE JOUR ANNIVERSAIRE DE L’AGONIE D’UNE UTOPIE

Chaque Vendredi Saint est pour moi un jour douloureux. Bien qu’athée assumé. Toujours disciple dépité. Car chaque Vendredi Saint continue de marquer la fin d’une utopie et le début d’une infamie. Ce jour-là, dit la Tradition, ‘Ieschoua, le jeune prophète de Nazareth, fut crucifié entre deux terroristes. On l’avait accusé d’être lui aussi séditieux, de menacer Rome, de menacer surtout la religion en place, en voulant la ruine du Temple, en s’opposant à la Loi et aux Prêtres, bref, en étant un fou dangereux qui se prenait pour Dieu !

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jeudi 17 avril 2025

LA PREMIÈRE FOIS QUE ChatJPT M’A PIÉGÉ !

Tôt ce matin, il m’est arrivé une étrange aventure. Affolante et bouleversante.

À peine installée la nouvelle version de Windows 11 sur ma tablette, dopée comme chacun sait à l’Intelligence artificielle, dite IA, et réputée pour sa fluidité et son inventivité, eh bien, je n’ai pas pu ou su désactiver la fonction Script GPT qui gère les messages de l’utilisateur d’une façon sûre autant qu’intuitive.

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