BRANLE-BAS DE COMBAT
AU VATICAN POUR TERRASSER
« SATANAS CORONAVIRUM »
Interlude
C |
onfiné en la chapelle Sixtine, le pape François est en train de mettre la dernière main à son message pascal qui sera diffusé le 12 avril prochain en visioconférence et mondovision. Cette publication remplacera le traditionnel Angélus sur le balcon — que prohibe la lutte contre la pandémie. On sait d’ores et déjà quel titre le Souverain Poncif a choisi pour décoincer sa bulle : Deus hominem salvat.
En attendant, la situation au Vatican est assez tendue. Cardinaux ou journalistes tentent de s’immiscer dans la chapelle, les uns pour soutenir moralement le pape, les autres pour lui substituer les épreuves du texte. Car sur le dallage de marbre, les « bonnes feuilles » ne se ramassent pas à la pelle !
À l’occasion de la pause-déjeuner d’hier (le plateau en argent ciselé transite par un passe-plat gardé jour et nuit par deux garde-suisses), on a aperçu l’ex-soupape émérite Benedetto, très affaibli et en préretraite forcée, tenter de rompre la consigne du confinement en se faufilant par l’orifice du passe-plat, jupon gonflé et anneau (annulus piscatoris) au nez. Prise en flagrant délit d’intromission, l’ex-Sainteté qui n’est plus en odeur de sainteté au Vatican et ne voulait — a-t-elle plaidé — qu’apporter un message de réconfort à son successeur de la part du cardinal Sarah, a aussitôt été refoulée. À cet effet, quelques-uns des huissiers, toujours agrippés à la porte de bronze (chef-d’œuvre de Brunelleschi), se sont détachés pour ceinturer l’intrus. Par ailleurs, dans la soirée de vendredi, on a appris que désormais tous les huissiers — conformément à la phase 3 du plan antiviral national — n’ont pas hésité à s’enchaîner eux-mêmes à l’auguste bronze, pour montrer leur détermination à ne pas laisser filtrer à travers les gonds la moindre fuite concernant le texte en gestation.
À l’intérieur de la chapelle Sixtine, le St Esprit, effaré autant que désorienté par les fake news et surtout (selon Associated Press) par le twet vengeur de Ségolène Royal, bref, tel un drone désorienté, la divine colombe volète de-ci de-là sous les fresques de Michel-Ange, au risque de les souiller, ce qui a suscité l’émoi du ministre de la Culture, Dario Franceschini.
Autre mauvaise nouvelle, qui n’est pas une rumeur, plutôt un dénouement, sinon heureux, du moins avéré : le nonce apostolique qui avait fugué, ayant perdu ses esprits suite à une crise aiguë de claustrophobie, a été enfin retrouvé vendredi soir, non pas dans un des salons Borgia, mais dans la chapelle Redemptoris Mater (ce bijou architectural qui allie quintessence tridentine et sobriété évangélique). Juché sur une crédence de marbre, nu sous sa dalmatique violette (Carême oblige), le prélat faisait le pitre et des pirouettes tout en jonglant avec sa mitre ! Le diagnostic de démence sénile semble hélas se confirmer, selon le Pr Fabrizio Soccorsi, médecin personnel du pape présent sur les lieux.
Il faut se souvenir qu’une déclaration récente du nonce (le 21 mars dernier), déjà confiné contre son gré au Vatican, avait laissé très perplexe. Invité par Radio Notre-Dame pour évoquer en duplex la vertu de l’Espérance chrétienne en temps de pandémie, le prélat, visiblement très nerveux à l’antenne, avait glissé, sur un mode bizarrement enjoué, une étrange confidence : « Au temps du coronavirus, l’espérance doit être forte, très forte, mais reste évidemment fragile. Mon propre père... mio babbo carissimo... a lui-même expérimenté dans sa chair... euh... cette intime fragilité en même temps que l’espoir... sempre l’espoir... la speranza... la persévérance attachée au cœur comme... comme... si ! si ! esattamente !... comme une moule à son rocher... lui qui, l’automne denier... povero babbo !... est allé à Lourdes pour son cancer. Mais pour rien. Niente ! Son état s’est aggravé et aujourd’hui... cosi ingenuo ! cosi ingenuo !... oggi... il ne reste plus à papounet... après Lourdes... que Lisieux pour pleurer ! »
Très dure en effet, la déception paternelle. Mais pour en revenir à l’exhortation pontificale en préparation, Dom Bellinus a pu se procurer le projet de la couverture du document — qui s’affichera sur l’écran en mondovision le jour de Pâques sur une musique de Sergio Leone créée tout spécialement — , audacieuse icône en guise de frontispice (fac-similé disponible à la page suivante) : sublime synthèse de classicisme et de modernité, bien à l’image de François qui entend, à propos du Covid 19, s’en tenir à Sa vocation de Guide pastoral réaffirmée le 12 avril prochain urbi et orbi : faire du neuf avec du vieux en redonnant l’Espérance d’une Terre Promise, non seulement à l’Eglise, mais à notre planète gravement compromise car prise au piège du virus malfaisant (« satanicus et perfidus virus », dans le texte).
D’après les vaticanistes les mieux placés, « Dieu veut sauver tout l’Homme et tous les hommes » sera probablement l’incipit du texte pontifical (à paraître aux éditions du Cerf à l’automne 2021).