Site Officiel de Michel Bellin - Extrait

(…) Durant plus de cinquante ans de sacerdoce, de foi, d’espérance, de charité ; après tant de messes, sermons, communions, extrêmes-onctions, baptêmes, épousailles et funérailles ; tant d’exhortations, de consolations, d’absolutions ; durant mille occupations sacerdotales, collégiales, pastorales, infiniment respectables et ô combien charitables – avec toujours le même Évangile chevillé au cœur et la même solitude indurée – ; après tant et tant d’années à enseigner, corriger, admonester puis, en poste paroissial, à faire miroiter à mes brebis l’étoile du Berger et à téléguider dans leur nuit apeurée les satellites artificiels de l’antique croyance, ici, sur la terre enfin, dans mon pays natal ou très loin au gré de mes nombreux périples (les miens propres et ceux que j’organisais l’été pour les jeunes du foyer), après tout ce temps ou plutôt durant le même temps, les deux temps s’ensemençant mutuellement, j’ai vécu dans mes back room ou mes dark room (peu importe le vocable ou les modes volatiles), j’ai vécu avec bonheur et reconnaissance ce cérémonial fraternel, jamais fastidieux, ludique au contraire, inventif, parfois drôle, toujours démesuré. Oui, je l’ai vécu et concélébré à l’excès, sans regret, sans gêne, dans une paradoxale apesanteur au milieu de tant de torses durs et de sexes lourds, juste avec le spleen passager qui s’ensuit et donne d’emblée l’envie de récidiver et de communier encore et encore au même sacrement : « Que tous soient un ! Car ceci est mon Cops, ma chair livrée pour vous. Prenez et aimez. »

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