Site Officiel de Michel Bellin - Extrait

J’AI AIMÉ (extrait de la préface)

(…) Basta, veux-tu, laissons les morts enterrer leurs morts. Nous, vivons ! À ce propos, je te remercie d’avoir accepté de lire mon recueil secret (ces saintes amours illicites comme j’aime à les appeler), de les retravailler car plusieurs portraits sont à peine esquissés et je suis franchement plus doué pour mes sermons que pour la romance ! Ce que j’aime, c’est improviser à l’ambon, pas rédiger mes textes. C’est pour ça qu’à la différence de toi, du temps où tu officiais, mes admiratrices repartent toujours bredouilles à la fin de la messe ! Pour en revenir à mes chères historiettes, tâche de les publier un jour si tu m’en juges digne. Car si tu as toi aussi le don d’Amour, tu as en même temps le talent d’une écriture fluide et musicale que j’apprécie et envie, tu le sais, depuis ton premier roman qui fut l’occasion de notre rencontre. Quand tu pénètreras dans le cercle de mes petits amoureux, c’est un peu de ta vie que tu trouveras, beaucoup de la mienne, forcément de nous deux puisque telle fut la providence du reste de nos existences.

Bien sûr, il ne s’agit pas de choquer, ce n’est pas mon genre, juste témoigner calmement : le corps est notre ami, tout le corps, l’Amour est compatible avec la Foi, j’en ai fait l’expérience sans vouloir me vanter ni me justifier, le même absolu s’incarne joyeusement au quotidien, hors carcan, hors frontières, toujours par-delà le bien et le mal. Donc, à toi de voir et de l’exprimer au mieux.

Je suis mal placé pour te donner des conseils littéraires, moi qui rédige toujours à l’économie et tu as, nous en avons longuement parlé, carte blanche. Juste ce désir de ma part et après, je ne t’embêterai plus avec mes exigences : tâche de faire ressortir le côté solaire, ludique, ardent, édénique et pour tout dire innocent de mes attachements successifs. Car ce fut et c’est encore ma vérité vraie : plus que la philosophie, bien plus que le christianisme, ce sont les êtres d’amour, souvent jeunes et enthousiastes, qui ont enchanté et densifié ma vie, au cœur à corps. Dans le don, l’abandon, la confiance émerveillée et une absolue Pureté Originelle même si, j’en ai peur, à part quelques-uns de notre tribu, la majorité de tes lecteurs m’accuseront à titre posthume d’infamie et d’hypocrisie. Le pire c’est que d’aucuns penseront que certains épisodes ont été exagérés, que tu en rajoutes, alors que le moindre détail est véridique et que je m’honore du plus scabreux. Mais toi, tu sais où est le vrai et là est pour moi l’essentiel.

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