Postface de Jacques Gaillot (Noël 1995) :
"Il y a dans ce livre le poids d’une vie. Ce n’est pas banal d’entendre un homme de chair et de sang parler de lui avec des mots Ă©tincelants, un croyant dire sa foi avec des propos inquiĂ©tants d’honnĂŞtetĂ©, un ex-prĂŞtre s’exprimer sur son institution avec une grande libertĂ© de parole.
Julien se montre tour Ă tour tendre, rebelle, Ă©corchĂ© vif avec d’immenses dĂ©sirs. Il y a des outrances, il y a des impasses, mais toujours une passion qui brĂ»le.
BouleversĂ© par la mort tragique de Pasolini, Julien se sent orphelin. Il cite par cśur les paroles du cĂ©lèbre cinĂ©aste :
J’ai trouvĂ© que ces paroles Ă©clairent le destin singulier de Julien : vie contrastĂ©e, tourmentĂ©e avec une quĂŞte inassouvie de la VĂ©ritĂ©. NĂ© dans l’institution de l’Eglise, il s’en Ă©loigne progressivement pour gagner d’autres rives. Il connaĂ®t la nuit de la solitude. Après avoir dĂ©clarĂ© : « Je garde toute ma confiance Ă JĂ©sus, le Vivant, parce que je dĂ©sire toujours traduire en actes tant bien que mal son Evangile, parce que je souhaite vivre en communion avec mes frères croyants », Julien dĂ©nonce l’imposture chrĂ©tienne. Après avoir Ă©tĂ© remuĂ© par les appels du Pape Jean-Paul II lors de sa venue en France, il prendra plus tard l’attitude du renĂ©gat.
Cet itinĂ©raire entrouvre une petite lucarne de lumière dans un mur de dĂ©sespoir et d’absurditĂ©. Julien n’a jamais eu une âme habituĂ©e, il a vĂ©cu intensĂ©ment : l’amour n’est jamais perdu.
Le oui au sommeil est pour lui comme pour nous un acte d’abandon. Qui accepterait de fermer les yeux sur la nuit, s’il n’espĂ©rait les rouvrir Ă la lumière d’un jour nouveau ? C’est quand le jour dĂ©cline que naissent les Ă©toiles."