Site Officiel de Michel Bellin - Anecdote

Michel Bellin raconte...

"En arrivant à Paris, en 2000, j’ai décidé d’opter pour l’écriture… et une forme de précarité, les deux allant souvent de paire ! En fait, ce sont les nouvelles érotiques gay qui m’ont remis le pied à l’étrier. Un ou deux textes dans des revues, puis l’éditeur H&O qui veut débuter une nouvelle collection. Et le plaisir d’écrire m’a repris illico. Un double plaisir car, comme disait Barthes, « écrire n’est pas seulement une activité technique, c’est une pratique corporelle de jouissance. » Alors, vous pensez, quand on imagine des anecdotes torrides ! … Et puis, j’avais (encore et toujours) un compte à régler avec le christianisme qui stigmatise le corps, le sexe, le plaisir. Or, je voulais dire : la sexualité entre mecs (en fait, ma vraie et seule sexualité, celle qui m’épanouit et me revitalise… comme on remet son portable en charge !), donc l’érotisme c’est bon, drôle, jouissif, varié, irrésistible, inoffensif… Une urgence sans raison, un délicieux orage épileptique et, quand il y a de la tendresse, c’est encore mieux ! Pour moi, la nouvelle, ce n’est pas un genre littéraire mineur. Bien au contraire. Le texte doit être incisif, bien mené, avec peu de personnages mais psychologiquement crédibles et physiquement présents, avec une chute si possible inattendue. Et le challenge pour la nouvelle érotique, c’est que ce ne soit pas vulgaire ni obscène. A quoi bon décrire les anatomies, les volumes, les performances ! La langue française possède une musicalité, toute une panoplie de figures de style, une rythmique propre, des rimes riches et sonnantes… de quoi titiller la libido du lecteur. Je veux provoquer par les seuls mots un orgasme mental, une décharge de dopamine dans la tête… avec, si possible, vérification et célébration plus bas (!). En fait, c’est une de mes curiosités : mes recueils, tous deux réédités la même année, ont été lus par plus de 4000 lecteurs. Combien ont bandé ? Ont ri ? Ont joui ? Moi, c’est ce qui m’arrive quand j’écris – ou relis - ce genre de texte. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. C’est ma nouvelle façon de « croire », croire à la vitalité et à la sacralité du corps. L’âme n’existe pas ou si peu… Une mousse pieuse, une gélatine virtuelle, quelques bulles spirituelles… Seul le corps, les humeurs, les muscles, les odeurs, la peau. La peau c’est ce qu’on a de plus profond ! La peau aimante sur le parchemin de nos corps. Elle ne saurait mentir ! Ceci est mon corps… prenez et lisez.. Élection, érection, résurrection !"