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En tant qu’ancien prêtre et homo aujourd’hui assumé, j’ai été plus qu’intéressé par ce film, concerné. Et consterné ! Certes, il y a comme une contradiction entre la phrase émancipatrice de St Augustin qui sert de titre et le dernier plan qui montre le jeune héros égaré au Grand Séminaire. On a envie de dire : tout ça pour ça !

Eh bien oui, dans l’Église, quelles que soient les belles paroles, tout est cadenassé. Rien ne bouge (surtout en ce qui concerne le corps et la sexualité). Tout est saintement pétrifié (d’où cette expression qui sert de leit-motif dans les dialogues : « pour les siècles des siècles »). Le film de Margorzata Szumowska est donc selon moi un constat amer dont j’ai apprécié le tact et la violence intérieure (pour avoir éprouvé moi-même cet écartèlement intime dont je n’ai échappé qu’en fuyant – felix culpa !). Un film âpre, profond, certes un peu lent. Il faut s’accrocher ! Et l’on sait d’avance qu’il ne peut y avoir de happy-end : après s’être lâché au pieu avec son aîné, le Père Adam, le jeune paumé au look christique va suivre dans les faits la même voie, le même renoncement, la même mystique sclérosante : le voilà au séminaire ! Autant dire dans la nasse. Sans doute tirera-t-il des coups furtifs avec quelques confrères aussi in(tro)vertis que lui, puis il fera ses vœux, bêlera des sermons d’Amour aussi sublimes que désincarnés, se confessera de temps en temps pour éponger sa culpabilité etc.


Lorsqu’à 29 ans j’ai fui cette Institution aussi mutilante qu’hypocrite, voici la phrase qui a servi d’électrochoc :  " Ils (les prêtres) réchauffent leurs museaux gelés en discutant des amours des autres, à cela près qu’il leur est interdit de réchauffer aussi le tréfonds de leur âme. " (E. Drewermann). Et de leur corps !


Pauvres prêtres, victimes consentantes ! Criminelle Église qui châtre les sexes, berne les esprits, liquéfie les âmes… tout ça au nom d’un prétendu Dieu d’Amour incarné sur terre !!!



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